Partir, quitter son pays en guerre et tenter de recommencer ailleurs. Parler une autre langue, parler dans sa langue, parler de sa langue. Dire les difficultés, les espoirs, les manques et aussi la joie, le bonheur de partager un peu de soi en partageant sa langue. La musicalité des mots étrangers juxtaposés au sens acéré de la littérature française pour parler de la guerre, des migrations et d’intimités.
Teaser audio stéréo
Cette installation documentaire est constituée de différents types de matériaux sonores. Nous entendons des étrangers parler de leurs langues maternelles et des gens raconter la fuite de leur pays en guerre. Des langues étrangères incompréhensibles pour la plupart d’entre nous s’écoutent pour leurs musicalités. Une voix reprend des mots de différentes langues de manière phonétique et sonore. Enfin, nous entendons des lectures de textes littéraires en français à propos de la guerre, des migrations et des conquêtes.
C’est dans la multiplicité des langages et des écritures que la forme documente sans raconter. La poésie naît de la porosité de ces différents modes de narration. La beauté des sonorités des langues s’oppose à la dureté des propos. La musicalité douce des mots est en contrepoint des réalités énoncées. Les paroles des gens sont intimes et universelles.
« Après il y a eu guerre. … contre les Russes… et voilà… moi, j’ai du quitter mon pays » nous dit Zaza. « Si pas guerre, alors nous aussi bien. Tout le monde bien. », raconte une dame somalienne. Élisabeth, qui a quitté la Guinée-Bissau nous livre dans un souffle « immigration c’est difficile. » Silence.
Et puis, les rires, les sourires, les voix heureuses de parler leur langue, de parler de leur langue. Malgré tout, le plaisir de la rencontre, la curiosité de l’autre, le bonheur de communiquer. La barbarie n’est pas assez forte pour anéantir cela. Parler de sa langue maternelle, parler dans sa langue maternelle, quand on a tout quitté c’est un peu retourner se reposer chez soi.
Cette création s’installe en extérieur. Dans un lieu relativement calme, mais perméable aux bruits environnants. Les écoutants se rendent sur le site, les passants le traversent ou le contournent. Ils s’y arrêtent un moment ou pas. Ce dispositif permet à chacun, public convié ou non, de se poser un moment pour écouter.
Dans ma langue est une création de la Cie KMK. Elle a pu être réalisée en grande partie avec l’aide de la Paperie, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public, lors de la résidence de KMK à Angers de 2014 à 2016, pour la création Ailleurs à Monplaisir.